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Sables et musiques du Cap-Vert

L'abordage du Cap-Vert, archipel sahélien qui n'est ni cap ni vert, se fait par l'île de Sal, ainsi dénommée pour ses salines, notamment celles de Pedra Lume, lunaires, où il est encore possible de se baigner, et de flotter tel pèlerin dans la mer Morte. Sal et ses plages sont devenus un manifeste du développement touristique : des fortunes rapidement construites sur le bâtiment, des investisseurs italiens, et maintenant britanniques.

Sal maintient les plaisirs du corps, baignade, windsurf, plongée, pêche au gros. Pour les plaisirs du coeur, l'étranger se référera à la musique, à la morna. Cette sorte de fado cap-verdien a été internationalisée par Cesaria Evora, inoubliable interprète de Sodade, native de Mindelo, capitale et port d'importance de l'île de Sao Vicente. Le visiteur sautera ainsi dans un avion à hélices de la TACV, la compagnie nationale, pour atterrir sur les lieux du crime et partir à la recherche du temps perdu : guitare, sodade (la nostalgie), grogue (le rhum), morabesa (le savoir-vivre créole), bars de nuit et sérénades.

Mais il y a danger dans cette quête musicale. Certes, la morna a pris sa forme actuelle au contact des marins cubains et brésiliens, notamment, qui débarquaient à Mindelo, où les Anglais avaient installé des dépôts de charbon pour les vapeurs. Mais cette musique du vague à l'âme serait née plus à l'est et plus tôt, sur l'île de Boa Vista. Le poète et compositeur Eugenio Tavares (de l'île de Brava), une bible, un héros national, l'a affirmé sans en préciser les circonstances.

A Boa Vista, on raconte l'histoire suivante : un bateau portugais chargé d'esclaves africains se serait échoué sur la côte nord de Boa Vista vers 1830. Etablis sur le lieu de leur malheur, les survivants allaient chercher de la nourriture et de l'eau au bourg de Joao Galego. Dans le paysage aride, de dunes, de pierres, ils chantaient des lamentations, ce qui donna la morna - un terme peut-être hérité de l'anglais to mourn, se lamenter.

Se peut-il qu'une musique aussi franche, aussi occidentale, aussi mélodique ait été inventée dans une telle étrangeté ? Car l'île de Boa Vista est d'une intense bizarrerie, île plate - le pic Estancia culmine à 390 mètres -, cernée de dizaines de kilomètres de plages blanches. Le centre de l'île est occupé par le désert de Viana, une immense dune ondulante, à peine striée de pierres noires, restes volcaniques, ou traversée de l'ocre des palmiers. Cette dune, de création récente, bouge, parce que les tarafes (arbustes) sont en voie de disparition et ne retiennent plus les sables.

Boa Vista s'aborde par un nouvel aéroport international, sis aux côtés de la vieille capitale, Rabil. Nom à consonance arabe, il désignait un oiseau - fragata, aujourd'hui - qui s'est raréfié au rythme d'une végétation allant en s'estropiant. Boa Vista est connue pour ses dattes, fruits des tamareiras, palmiers décoiffés à tronc unique et pousses multiples, que le vent fait pencher comme des tours de Pise, et pour ses ânes à longues oreilles qui broutent des pousses microscopiques dans les vallées naguère prospères. Si les complexes touristiques s'y développent à une allure inquiétante, notamment au sud, l'île est encore sauvage, paradis des vents intenses, comme partout au Cap-Vert, des baleines bleues, des requins dormeurs. Boa Vista est le troisième site de ponte pour les tortues caouanes, après l'île de Massirah (sultanat d'Oman) et les Keys en Floride.

Boa Vista ressemble à un brin de Sahara détaché au milieu de l'océan Atlantique, un vaisseau fantôme. La plus orientale des dix îles de l'archipel du Cap-Vert, et donc la plus proche des côtes africaines, est d'ailleurs une championne en matière de naufrage : on ne dénombrerait pas moins de trois cents épaves. Les fonds sont ras, et trompeurs. On dit aussi que les habitants, parfois en manque de nourriture pour cause de sécheresse ou d'invasion de sauterelles, trichaient sur les phares pour dérouter les bateaux. Que les boussoles s'affolaient comme à la vue d'une Atlantide disparue, aux abords d'une fosse cap-verdienne qui dépasse les 7 700 mètres de profondeur.

Les conteurs, qui ne manquent pas à Sal Rei, principal bourg de l'île, retracent les étranges destins de bateaux qui croient avancer sur l'océan profond, mais se réveillent sur un banc de sable, encalminés pour toujours. Le plus célèbre d'entre eux est le Santa Maria, un navire espagnol imprudent qui s'est retrouvé sur le flanc à l'automne 1968, et qui s'ensable chaque année un peu plus, rappelant que le désert avance inexorablement.

Près du phare de Mouro Negro, la pointe de l'archipel la plus proche des côtes africaines, un remorqueur sénégalais s'est tellement fourvoyé dans ses calculs qu'il a grimpé tout de go sur un tas de pierres. Luis Rendall, l'un des grands compositeurs de morna, adorait l'endroit. Au-delà du village de Cabeças de Tarafes, le phare de Mouro Negro lui permettait la contemplation sans visibilité de l'Afrique d'en face. Cela lui inspirait des musiques de rêve. L'île fut riche dès le XVIIe siècle par ses salines. Elle fut capitale de l'archipel au début du XIXe siècle, avant de céder la place à Mindelo.

Boa Vista fut aussi le royaume de la famille Ben Oliel, des juifs venus du Maroc en 1872, qui y organisèrent un fructueux commerce de chaux, de bétail, de tissus, de poteries... Sal Rei maintient un petit cimetière juif, coincé entre un appart-hôtel en construction et le Marine Club, première résidence hôtelière bâtie par des Italiens.

On retrouve la trace des Ben Oliel au nord de l'île, peu fréquenté des touristes - les plages y sont magnifiques, mais parfois dangereuses. En contrebas, quelques maisons en ruine témoignent de ce qui fut le port d'exportation de la chaux créé par la famille Ben Oliel. L'endroit est d'un sauvage absolu.

Il est cerné de plages et de baies : Ponto do Sol, Praia do Corredor, plus au loin, la plage de Ponta Antonia, limpide, calme, grande. Celle de Pedro Alvim est d'un autre tonneau : à partir de 15 heures et si la mer n'est pas trop agitée, on y verra danser les requins, qui adorent s'y gratter le dos, qui sait, en chantant une vieille rengaine créole : "Corpo qui é nego, sa ta bai/Coraçom, q'ê forro, sa ta fica" ("Le corps qui est noir, s'en va/Le coeur qui est libre, reste". 

Article publie ce jour dans le quotidien 'Le Monde' :
http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/07/18/sables-et-musiques-du-cap-vert_1074931_0.html

 



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